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Avr

Les lois de fin de vie vues par un médecin réanimateur

CGR Dragon
10:30-12:00
René Robert | Médecin réanimateur retraité – Professeur émérite, Faculté de Médecine et Pharmacie – CHU Poitiers
Gratuit pour les adhérents
Prix d’accès au public et/ou non abonné : 10 €

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Faut-il modifier la loi sur la fin de vie dite Claeys-Leonetti en évoluant vers une aide « active » à mourir ? Notre société s’interroge. Malgré la volonté citoyenne largement exprimée dans les sondages et la convention citoyenne, la possibilité d’un nouveau cadre légal est sans cesse repoussée. L’évolution éventuelle de la loi doit cependant être argumentée. 

Comment justifier cette évolution ?

Les lois Leonetti et Claeys-Leonetti ont été une avancée indiscutable pour la prise en charge de la fin de vie en France. Cependant le questionnement actuel sur la modification éventuelle de la loi sous-entend que ce dispositif légal actuel n’est pas complètement satisfaisant. Dans cette hypothèse, quelles sont les failles potentielles qui peuvent expliquer certains dysfonctionnements sources de plaintes par les patients ou leurs proches ? Trois points (qui ne s’excluent pas) doivent être envisagés : 1- la loi actuelle est-elle suffisamment connue ? 2- la loi actuelle est-elle connue mais mal appliquée en particulier en ce qui concerne la mise en place de la sédation profonde et continue ? 3- existe-t-il des situations cliniques qui n’entrent pas bien dans le champ de la loi actuelle et qui peuvent être associées à une fin de vie inacceptable pour les patients ? 

Des garde-fous indispensables

La réflexion sur les enjeux d’une telle modification impose d’anticiper les risques potentiels et de prévoir des garde-fous pour éviter les dérives en lien avec des demandes injustifiées. Certains prérequis sont ainsi indispensables à intégrer dans la réflexion et potentiellement le texte de loi :

L’aide à mourir ne doit pas être une substitution à l’insuffisance reconnue de l’accès aux soins palliatifs ni un prétexte pour en réduire le développement. 

Le caractère explicite de la demande doit être faite par le patient, directement ou par le biais de ses directives anticipées. Le cas des troubles cognitifs chroniques pose question à certains au point de vouloir exclure ce cas de figure d’un dispositif légal potentiel d’aide active à mourir. Ceci est en totale contradiction avec la volonté sociétale de mettre au premier plan les directives anticipées, garantie du respect de l’autonomie du patient. 

Les patients concernés sont des patients ayant une maladie grave et incurable dont le pronostic vital est engagé à court ou moyen terme et ayant des souffrances réfractaires physique ou psychologiques. Ainsi l’aide à mourir ne peut pas être une option face à un quelconque mal-être sociétal.

La demande du patient est validée par un processus collégial. 

La clause de conscience permettant à un médecin de ne pas s’impliquer personnellement dans cette procédure doit être respectée

Un pas supplémentaire vers l’autonomie du patient.

Il ne s’agit surtout pas de donner au médecin un pouvoir supplémentaire, mais de respecter une volonté clairement exprimée des patients : celle du choix de sa fin de vie

  • Médecin réanimateur retraité
  • Professeur Emérite à la Faculté de Médecine et Pharmacie de Poitiers depuis 2022
  • Médiateur Régional pour les Etablissements Hospitaliers publiques Nouvelle Aquitaine 2024

 

Principales fonctions avant la retraite :

  • Professeur de Médecine Intensive Réanimation au CHU de Poitiers
  • Chef du Pôle Urgence Samu Smur Anesthésie Réanimations 
  • Chef du service de Réanimation Médicale 
  • Directeur du Centre de Recherche Clinique au CHU de Poitiers, CIC Inserm  (2017-2021)
  • Membre du comité de pilotage du plan Soins Palliatifs Fin de Vie 2015-2018
  • Vice-président puis président du Comité d’Orientation Stratégique du Centre National de soins Palliatifs et Fin de vie 2017-2020
  • Membre du comité d’Ethique du CH de La Rochelle 2023
  • Titulaire d’une thèse de bio-éthique (Doctorat d’Université Université de Poitiers)

 

150 publications et nombreux chapitres d’ouvrages pédagogiques

Editeur de 4 livres et 2 manuels 

Editeur d’un 1 livre grand public