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13/12
Cinéma

Filmer l’acte de création : les risques d’une exposition

Cette seconde séance du thème « Peinture et Cinéma américain » est consacrée à l’acte de création et aux curieux du geste artistique, où comment la main va transformer en croquis la pensée du peintre (américain ou pas). 2 films seront proposés en support : Pollock 51 de Hans Namuth (1951) et Le mystère Picasso (1955) de Henri-Georges Clouzot.

Alors que pénétrer et filmer un atelier était encore tabou à cette époque, c’est seul avec sa caméra que H. Namuth filme Pollock en muet d’abord pour sonoriser ensuite, et débouche sur un 1er jet de 6 minutes. D’abord réticent au style complexe du peintre, une curiosité suivie d’une collaboration, puis une complicité permettent d’arriver à ce court plan-séquence. Mal reçu par certains critiques, il récidive pour un film de 10 minutes, en extérieur, avec la magie d’une danse de Pollock sur sa toile qui devient un document unique sur la technique du Maître. Celui-ci, épuisé par de nombreuses séances ratées et perdant contact avec la peinture, se remettra à boire, et mourra 5 ans après dans un accident de la circulation.

Expérience tragique, mais le film circule partout dans le monde, est conservé au MoMA, l’Action painting était née.

Similaire, et totalement différent ! sera le film de Clouzot sur Picasso. Peintre pratiquant mais amateur, H-G Clouzot, né à Niort, « monte » à Paris à 18 ans et montre son travail à Picasso, mais aussi à d’autres (Braque…). Puis leur voisinage dans le sud de la France, Vallauris et St Paul de Vence, les mènent à envisager un support. Clouzot cinéaste est reconnu (Le salaire de la peur), Picasso pas trop, donc un film est envisagé grâce à des nouveaux stylos feutres américains. Avec une mise en scène simple, en intérieur, la caméra est face à Pablo avec une toile entre eux. 20 tableaux seront réalisés et 78 minutes d’un film d’abord silencieux puis avec échange et au minutage stressant. Le résultat est surprenant : les toiles plein écran, noires ou en couleur, en accéléré pour réduire le temps, et Picasso introduisant l’accident au cours de ses actes.

La démarche est-elle atteinte ? le rapport au corps-artiste est plus apparente chez Namuth alors que Picasso se montre peu ou pas, et Clouzot suit un geste répété, incontestablement maîtrisé qui approche le mécanisme créateur d’un artiste, alors que Namuth fait comprendre le geste sans répétition pour une seule toile.

 

 

Francis Morin