S’il est une révolution opérée par les artistes contemporains, c’est bien celle de l’interdisciplinarité. Leurs compétences et savoir-faire se multiplient, se croisent et se confondent, au point que les définitions et les classifications classiques deviennent obsolètes : Andy Warhol était-il peintre, sculpteur, sérigraphe ou réalisateur ? Doit-on retenir de Niki de Saint Phalle ses happenings, ses dessins ou ses installations monumentales ? L’œuvre de Christian Boltanski fut-elle celle d’un vidéaste, d’un photographe ou d’un philosophe humaniste ? Et que dire de Damien Hirst, d’Annette Messager, de Philippe Cognée et de tant d’autres encore qui font l’art d’aujourd’hui ?

Matisse et Picasso, déjà, brouillèrent les pistes, chacun faisant dialoguer entre elles ses productions sculptées, peintes et photographiques afin qu’elles s’enrichissent mutuellement de leurs apports respectifs. La qualité expérimentale de leur démarche fut déterminante dans la naissance de l’art contemporain.

Depuis les années 1950, le phénomène s’est amplifié, au point qu’il est devenu complexe de maintenir en place les catégories usuelles. Aussi le champ artistique est-il aujourd’hui pluriel. De nouvelles pratiques émergent et les investigations s’étendent, car plasticiens et plasticiennes croisent différents langages (arts plastiques, cinéma, danse, théâtre, etc.), n’hésitant pas à puiser hors du domaine de l’art
(philosophie, sciences, archéologie, sociologie, etc.) de quoi nourrir leurs travaux.