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06/03
Littérature

Agrippa d’Aubigné : l’épée, la plume et l’écharpe

Agrippa d’Aubigné est né en 1552 en Saintonge près de Pons.

Esprit brillant et cultivé, il maitrise très jeune le latin et le grec, apprend l’hébreu, suivra une formation d’humaniste.

Sa destinée fut marquée par le début des guerres de religion, l’affrontement sanglant entre protestants et catholiques, combats fratricides, qui par ailleurs n’ont pas été exempts d’intérêts politiques et personnels.

Huguenot convaincu, cet humaniste n’hésite pas dès lors à s’engager, dès l’âge 16 ans, dans les troupes huguenotes de l’armée de Condé. Il échappe opportunément au massacre de la Saint Barthélémy et devient l’écuyer d’Henri de Navarre, futur Henri IV, et portera l’écharpe blanche des officiers.

Mais en dépit de leur engagement commun, d’Aubigné n’admettra pas l’abjuration d’Henri IV en 1593 qu’il nommera « douce feinture ».

Les relations deviennent dès lors difficiles en raison du caractère intransigeant de d’Aubigné, qui lui vaudra le surnom de « bouc du désert » (référence aux assemblées du désert).

Dès lors, il se retire à Maillezais, dont il est gouverneur, et troquera l’épée contre la plume en se consacrant à l’écriture des « Tragiques » qui lui vaudront une notoriété tardive.

« Les Tragiques » sont l’œuvre d’une vie et l’épopée de la guerre de religions, des persécutions atroces et de la foi des protestants. C’est une vision prophétique nourrie par la Bible.

C’est également un parcours initiatique qui, de la fresque des souffrances physiques, morales et religieuses, aboutit à la gloire de Dieu qui, in fine, châtiera les méchants et rétablira l’ordre. C’est alors, pour d’Aubigné, une jubilation poétique.

Sa colère liée à une souffrance historique l’a poussé à l’action, mêlant poésie d’inspiration divine et littérature militante.

Dieu légitime son action : « le doigt de Dieu me lève et l’âme encore vive, m’anime à guerroyer la puante Ninive » (Rome) » dira-t-il.

Condamné à mort par contumace en 1620, il s’exile à Genève où il poursuivra, jusqu’à sa mort en 1630, son œuvre littéraire. Il s’éteindra semble-t-il sereinement.

 

Voici la dédicace laissée par M. Jean-Pierre Andrault sur le Livre d’or   👉  Dédicace

 

 

Geneviève Desprez