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07/04
Histoire

Aliénor d’Aquitaine, légende noire ou légende dorée ?

Le saviez-vous ?

Aliénor d’Aquitaine est née en 1124, fille de Guillaume X, duc d’Aquitaine et petite-fille du 1er troubadour connu : Guillaume IX, connu pour ses poèmes d’amour courtois, mais aussi pour ses obscénités et son adultère.

C’est sans doute la plus connue des reines du Moyen Age, mais les nombreux ouvrages écrits sur sa vie sont parfois peu soucieux de la vérité.

Monsieur Martin Aurell, professeur d’histoire à l’Université de Poitiers, Centre d’études supérieures de civilisation médiévale, Institut Universitaire de France, en parle en ces termes :

« Elle a eu un destin peu commun et traversé tant d’évènements divers : reine de France avec Louis VII, puis reine d’Angleterre avec Henry II Plantagenêt, le rival de la France , mise au monde de 11 enfants, révolte fomentée contre son second époux, captivité d’une dizaine d’année, inlassable itinérance la menant jusqu’en Terre Sainte, en Sicile, en Allemagne, et la poussant à traverser la Manche une vingtaine de fois, pouvoir assumé en l’absence de son fils Richard, fait prisonnier, longévité de vie (80 ans).

Trois périodes se dégagent dans la biographie d’Aliénor : jeunesse, mariage et veuvage. Jeune fille nubile, la duchesse, héritière de l’Aquitaine, objet passif de transactions matrimoniales qui en feront l’épouse de son seigneur féodal. Son pouvoir reste cependant informel. Il est de l’ordre de l’influence, l’ascendant ou la séduction que le conseil de toute épouse peut exercer sur son conjoint. Sur ce point, le veuvage signifie d’autant plus une rupture d’autant plus qu’il coïncide avec l’absence du fils croisé (Richard Cœur de Lion) ou captif : à la mort de son mari, Aliénor détient une puissance sans précédent. Ce modèle qui par trois fois élargit l’autonomie et le champ d’action politique de la reine.

Après ses noces, son rôle social et politique augmente de façon considérable. »

Elle a traversé son siècle de part en part, et anticipé les évolutions à venir, notamment la montée en puissance des villes.

Sa légende noire est surtout liée à la misogynie de l’Église pour qui la femme se devait d’être soumise, pieuse, discrète, et donner un héritier mâle pour assurer la succession.

A plus de 70 ans et en plein hiver, Aliénor traverse les Pyrénées pour aller chercher l’épouse qu’elle destine à son fils Richard.  A partir des chroniques et des représentations figurées des acteurs de l’Histoire, Ivan Cloulas, conservateur général du patrimoine, président de la société historique des Plantagenets, imagine leurs attitudes et met en scène Aliénor ; Bérengère de Navarre témoigne de cette rencontre avec sa future belle-mère :

« Elle posa sur moi un regard que j’imaginais perçant, sans indulgence, impatiente sans doute de découvrir la jeune fille qu’elle destinait à son fils… j’affrontai ce regard, tandis qu’au même moment, une voix cassée, chantante, inimitable, inoubliable, me disait dans cette langue d’Oc que nous avions en commun : « Relevez-vous, je vous en prie, mon enfant ». Elle se leva à son tour, majestueuse, très droite, rendue frêle par l’âge, mais d’une grande élégance et parée de bijoux superbes ; il émanait de cette femme un rayonnement, un charme exceptionnel qui concentraient sur elle l’attention générale,  j’étais fascinée »… et notre fascination perdure encore au XXIe siècle.

[Extraits de textes à retrouver dans la revue 303 Arts, Recherches et Créations juin 2004]

 

Les adhérents se sont montrés très intéressés par la vie de cette double Reine de France et d’Angleterre.

 

Cette conférence a été suivie d’un temps de questions – réponses qui permet aux volontaires de s’exprimer et ainsi de compléter la conférence.

Antoine Font s’est prêté au jeu de la dédicace sur le Livre d’Or. Nous la partageons avec vous  👉 « Dédicace« .

 

 

Geneviève Desprez