Conférences
Berlioz : une Grande Messe pour les morts (1837)
« Le texte du Requiem était pour moi une proie dès longtemps convoitée, qu’on me livrait enfin, et sur laquelle je me jetai avec une sorte de fureur », écrit Berlioz dans ses Mémoires. Son Requiem, qu’il appelle aussi Grande Messe des morts, est le fruit d’une commande officielle qui, après bien des péripéties, sera couronnée par la création de l’œuvre aux Invalides, le 5 décembre 1837. Le témoignage d’Alfred de Vigny est resté célèbre : « L’aspect de l’église était fort beau ; au fond sous la coupole, trois longs rayons tombaient sur le catafalque préparé et faisaient resplendir les lustres de cristal d’une singulière lumière. (…) La musique était belle et bizarre, sauvage, convulsive et douloureuse ».
Le théâtre, la poésie et la musique composent un tout indissociable qui fait la richesse de ce Requiem. Si Berlioz exige un chœur immense, un ténor solo pour le « Sanctus » et un vaste orchestre comprenant notamment huit paires de timbales, le tout renforcé par « quatre petits orchestres d’instruments de cuivre (qui) doivent être placés isolément, aux quatre angles de la grande masse chorale et instrumentale », c’est qu’il compte avant tout sur les effets de lointain, de fantastique, de fracas donc de silence qui lui sont ainsi permis.
Au-delà des idées reçues dont il fait toujours l’objet, le Requiem de Berlioz est une œuvre qui exige des conditions musicales et acoustiques rarement réunies.
Christian Wasselin se partage entre la fiction et la musicographie. On lui doit plusieurs livres consacrés à Berlioz (Berlioz, les deux ailes de l’âme chez Gallimard en 1989 – Berlioz ou le Voyage d’Orphée chez Le Rocher en 2003), des dramatiques radiophoniques (La Ville inoubliée , France Culture en 1998), des romans (Rue du bois de la lune chez Aléas en 2001 – Clara ou le soleil noir de Robert Schumann chez Scali en 2007). Il a également écrit le livret de l’opéra de Gérard Condé Les Orages désirés (2003, création scénique en 2009). Par ailleurs, Christian Wasselin collabore à Opéra international puis à Opéra magazine depuis 1982 et a codirigé avec Pierre-René Serna le » Cahier de L’Herne » consacré à Berlioz. Il est enfin rédacteur en chef de Fantastique, le journal en ligne des concerts de Radio France.