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29/12
Histoire

Bloody Sunday, 1972-2022. L’enquête Saville et le processus de réconciliation en Irlande du Nord

Martine Pelletier était donc toute désignée pour nous proposer cette conférence intitulée :

« BLOODY SUNDAY , 1972-2022. L’enquête Saville et le processus de réconciliation en Irlande du Nord »

Le public de l’UTL, même s’il ne s’est pas spécialisé sur le sujet, ne peut ignorer qu’une guerre civile a fracturé l’Irlande dans notre XXe siècle, donnant naissance à la République d’Irlande au Sud et au maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume Uni.

« Le vent se lève » de Ken Loach nous en a récemment rappelé l’histoire et le rôle joué dès les années 20 par l’IRA, l’Armée Républicaine Irlandaise,  dans cette guerre civile au cœur de l’Europe.

Les événements plus récents datant des années 70 avaient trouvé écho dans notre actualité avec la mort des grévistes de la faim sous Margareth Thatcher .

On se souviendra aussi de l’affaire des Irlandais de Vincennes qui a marqué le premier septennat de François Mitterrand, impliquant justement des membres de l’IRA.

Nombre d’entre nous connaissent sans doute « Bloody Sunday» chanté par le groupe irlandais U2.

Il  était pourtant utile que Martine Pelletier nous rappelle les conditions dans lesquelles cette tuerie  est survenue le dimanche 30 janvier 1972 dans le quartier de Bogside à Londonderry en Irlande du Nord, tuerie dans laquelle vingt-huit personnes (manifestants pacifistes des droits civiques et passants) ont été prises pour cible par des soldats de l’armée britannique.

Nous allions découvrir avec elle l’enquête Saville sur Bloody Sunday mise en place par Tony Blair en 1998.

Cette enquête ambitionnait d’établir enfin la vérité sur les faits et d’aider à la réconciliation.

Elle intervenait vingt ans après une première enquête très contestable, menée dans la précipitation par une commission qui avait blanchi l’armée britannique.

Le bilan de cette nouvelle enquête semble pour le moins mitigé, même s’il a pu partiellement apporter satisfaction aux familles des victimes qui ont engagé ensuite des demandes en réparation.

On expérimente actuellement des démarches de justice réparatrice (ou restaurative) pour les infractions entre particuliers, tout autant que pour les crimes contre l’humanité.

Le cas le plus emblématique est certainement celui de la Commission pour la vérité et la réconciliation en Afrique du Sud .

« La justice restaurative fait dialoguer victimes et auteurs d’infractions pénales en vue d’envisager ensemble les conséquences de l’acte et trouver les solutions pour le dépasser dans un objectif de rétablissement de la paix sociale ».

Ces deux  commissions successives, déployés par les autorités britanniques et menées de manière radicalement différentes, sont riches d’enseignements.

Cette conférence nous aura permis, avec le cas de l’Irlande du Nord, de prendre la mesure des conditions de réussite et sans doute aussi des limites de telles tentatives de réconciliation.

 

Jean-Pierre Debauve

 

 

 

 

 

Image d’illustration : Photo prise à Londonderry par Keith Ruffles, importée sous licence CC BY 3.0 (fresque réalisée en 1997 pour commémorer le 25ème anniversaire du Bloody Sunday. Un terrible massacre datant du 30 janvier 1972