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01/06
Divers

Déambulation dans les quartiers du Gabut et de Saint Nicolas le 18 mai

Début sur cette place avec la remise d’un plan de 1825 par notre guide Anne Lepelletier, sur lequel il faut s’appliquer pour se repérer.

Nous sommes dans le quartier Le Gabut, dont le nom vient de l’italien Gabione (cage) appuyé par des photos d’anciens gabions remplis de pierres… et qui existent aussi en moderne.

Rappel historique : en 1371, La Rochelle devient française, car le maire Chaudrier fit sortir, habilement et clandestinement, les Anglais du château Vauclair pour les déloger et rendre la ville aux Français, puis démolissant le château pour construire une enceinte contre l’envahissement par la mer. En 1568, La Rochelle est protestante et les églises catholiques sont en partie détruites pour fortifier un Bastion par Scipione Vergano. Le port de pêche (en 1871), autour de cette place, est un quartier de pêcheurs avec des commerces très actifs, baraques en bois pour abriter ces métiers peu gratifiants, puis le déclin de la profession finit l’envie d’un ailleurs (Chef de Baie en 1994). La reconstruction du quartier est confiée à un architecte danois dans un style scandinave. Presque devant l’Office de Tourisme, Anne nous montre une photo de l’ancienne bâtisse avant la rénovation (la même à l’identique !).

Tout au long de la promenade dans le quartier, notre cicérone expliquera l’origine des noms des rues et places.  Ici, La Georgette, bateau chalutier, avec des re-nominations liées à la Révolution, mais toujours rattachées à la pêche : les Coureauleurs, bateaux œuvrant entre les iles, le passage du Drakkar, la place de la petite Sirène, L’aimable Nanette, navire négrier appartenant à la famille Admyrault, attribué par le roi à François Gabriel pour ses déboires dans les comptoirs à Pondichery (Inde). La Rochelle fut le second port négrier derrière Nantes. Dans la rue de l’Archimède (mathématicien-physicien grec), on voit ce mur d’enceinte reconstitué. Rue de l’Armide : navire armé en 1723, transportant des marchandises vers Québec. Une question sur la polémique des noms de certaines rues : des négriers ! Ce ne sont que des noms de bateaux. Quai Simenon, Belge né en 1903, 4e auteur francophone au monde, a séjourné à Marsilly, Nieul et fréquenté les rues de La Rochelle, et un café…

Reprise du plan 1825, et pas d’avenue Gal De Gaulle, si, elle a été percée en travers de l’ouvrage à cornes, dont on découvre à nos pieds, des restes d’un mur du bastion St Nicolas. Quelques photos circulent montrant le Général dans les rues et le quartier d’une gare jugée au départ trop importante pour l’époque (Centenaire !  1922). Traversons vers La Guignette, à la fois une boisson, un oiseau Chevalier d’environ 20 cm, une serpette ; trempons nos pieds dans une piscine, hélas seulement en photo. Photos aussi pour admirer les portes du Fort de l’ouvrage à cornes auxquels l’ingénieur Ferry travailla (pour Vauban) et sur la Porte Royale. Nous sommes dans une zone de marécage, donc sur pilotis, devant le prolongement du canal de Marans à La Rochelle, pour évoquer la Résistance avec Eugène Thomas, né dans le Nord, déporté à Buchenwald et libéré par les Américains. Autre résistant (réseau Alliance) le commandant La Motte Rouge, mort au camp du Struthof en 1944. Retour sur la place pour détailler le café La renommée, un hôtel ne conservant que la façade d’une ancienne église, dont le clocher divisé est coiffé d’un coq-girouette retrouvé par hasard chez un antiquaire à Bordeaux ; La Fabrique est un conseil d’administration de La Paroisse, et plusieurs noms énumérés à consonnances identiques, La Psalette, école de musique, l’Espelette du nom d’un officiant, et La Solette face à Saint Sauveur.

On poursuit la visite du quartier voisin par une rue calme : la rue Comtesse, puis la rue du Duc pour un Louvetier, 1er écuyer du roi, au moment de la reconstruction après le siège, fils du duc de Saint Simon, comte de Rasse. Le cours Ladauge est un réalignement de rues étroites, venelle des Marionnauds, statuette de Marie, ou Marie petite ? à l’angle de la rue St Sauveur, rue de la Herse vers le Paradis, petites rues empruntées et suspectes car les marins bretons rencontrent ceux du sud d’Auray…

La rue de la Sardinerie date du XIVe siècle, nommée rue de la Loi pendant la Révolution. Une anecdote dévoilée le matin, un puits autrefois découvert, servait d’ablutions aux marins de passage dans la ville, ce qui déplaisait fortement aux habitants(es) d’alentour. La rue saint Nicolas, patron des tonneliers et des pêcheurs, ancien repère de marins entre gare et vieux port, elle est semée de terrasses, de bars et de boutiques, et conserve son petit air de village avant de s’animer le soir.

La rue d’Ablois, vers le bassin à flots et son phare, abritait les intendants de Police et des finances de Richelieu qui datent du siège de La Rochelle. La rue de la Fourche fut évidée en son centre pour former une jolie place arborée. A gauche, la rue des Canards ; au bout : une ancienne porte du XIVe siècle aux armes d’Henri IV. Arrivée sur le port par le quai Louis Durand, résistant rochelais, Officier Mécanicien de la Marine Marchande, actif au PC, interné au pénitencier de St Martin de Ré, transféré, fusillé comme otage au camp de Souge (Gironde) en 1941, qui dénombrera près de 900 otages fusillés. Le quai Valin né à La Rochelle (1695), descendant d’une famille fortunée hollandaise, devient avocat spécialiste du droit maritime qui représentait les intérêts de l’Etat dans tous les procès intentés, inhumé à Nieul sur Mer.

Nous nous quittons après cette découverte de deux quartiers dont l’un a gagné ses terrains sur les marais environnants, ceinturé par un rempart enfoui et démantelé après le grand siège dont il reste des fossés, bassins et canaux, un chenal, un canal…

Merci à Anne Lepelletier d’avoir dirigé nos regards sur ces ruelles pavées dans un secteur piétonnier propice à la détente et au shopping en temps ordinaires.

 

Cordialement,

Francis Morin