Aujourd’hui encore, être une femme cinéaste en Espagne ou ailleurs ne semble pas aller de soi, comme en attestent diverses publications qui placent d’emblée la création des réalisatrices dans une sorte de ghetto.

Reste cependant qu’à partir de 1980 et surtout à partir de 1990, arrivent dans le cinéma espagnol, progressivement, un certain nombre de femmes dont les films sont toujours bien présents sur nos écrans : Isabel Coixet, Icíar Bollaín, Ana Díez, Chus Gutiérrez en font partie. Elles seront rejointes plus tard par une nouvelle génération (Carla Simón, Pilar Palomero, Clara Roquet, Elena López Riera), et bien d’autres ;  leurs œuvres auront un grand retentissement dans les Festivals internationaux (Cannes, Berlin, San Sebastián). Nombre de leurs films se construisent autour des figures féminines, au prisme desquelles sont abordés aussi bien des problèmes de société que des questions intimes : les conflits intergénérationnels, la quête des racines ou la quête de soi, la confrontation aux regards extérieurs ou les traumatismes de l’enfance qui ne sont pas sans rappeler le chef d’œuvre de Carlos Saura, Cría Cuervos (1976) auquel plusieurs d’entre elles se disent redevables.