Femmes des avant-gardes : Blaue Reiter, Futurisme, Surréalisme, ces femmes ont été « l’autre moitié de l’avant-garde »

La notion d’avant-garde en art fut énoncée dans une perspective d’émancipation des modèles socio-culturels anciens. On pourrait en déduire qu’elle annonçait donc une revalorisation du féminin en général, et en particulier la fin de la marginalisation des artistes femmes. Paradoxalement, il n’en fut rien. L’histoire des avant-gardes reste celle de groupes d’hommes, comme si l’énergie créatrice à mobiliser pour faire table rase du passé ne pouvait être que masculine. Pourtant, il existe bel et bien une avant-garde au féminin ! La caractérisent une formidable inventivité et une impressionnante radicalité. Hilma af Klint, Georgiana Houghton ou encore Sophie Taeuber-Arp sont par exemple les pionnières oubliées de l’art abstrait ; la talentueuse dadaïste Hannah Hoch utilisa la technique du photomontage pour interroger avant l’heure la notion de genre ; le constructivisme russe ne serait sans doute pas le même sans Natalia Gontcharova et Alexandra Exter, tandis que le Cubisme n’aurait peut-être pas connu le déploiement qu’on lui connaît sans l’active promotion de Marie Vassiliev et d’Alice Bailly ; enfin, comment ignorer l’extraordinaire liberté avec laquelle les plasticiennes avant-gardistes varient les medium pour s’exprimer : design, arts appliqués, danse, performance, costumes et scénographie… En s’imposant dans le monde de l’art, c’est tout un ensemble de cloisons qu’elles entendent abolir, à commencer par celles  qui les maintenaient dans l’ombre.