Effectivement, la carrière de Miles Davis embrasse un demi-siècle de jazz pendant lequel son parcours fut celui d’une évolution permanente. Pressentant les mutations à venir, Miles les précéda, anticipant sur les épisodes d’une histoire dont il écrivit lui-même d’importants chapitres. Conscient de ses faiblesses techniques, il adopta un jeu simple qu’il sophistiqua à l’extrême, jouant peu de notes mais toujours les plus belles, leur conférant une inimitable sonorité.

Dès ses débuts en 1945 avec le be-bop, il opposa à la vélocité des trompettistes bop une paisible douceur, un swing nonchalant fait de notes pures, d’attaques discrètes, baignées d’une sonorité très pure, très sourde. Certains y ont vu de la tristesse et de la résignation, ce que je ne partage pas. Miles était un esthète toujours à la recherche de l’essentiel, pour lui et pour les musiciens qui l’accompagnaient.

En effet, outre ses propres qualités, Miles est un découvreur de talents, talents qu’il cherche à mettre en avant, au sein de formations de quatre ou cinq musiciens, rarement plus, talents avec qui il va anticiper les courants musicaux allant jusqu’à finir avec la musique électronique.

En 1954, Miles enregistre un disque mémorable « Miles Davis and the Modern Jazz Giants » dans lequel il est entouré de Thelonious Monk, un pianiste au style très particulier, et du vibraphoniste Milt Jackson, celui du MJQ dont je vous ai déjà parlé. Ils interprètent « Bag’s Groove ».

  👉 « 🎧 »

Je vous propose maintenant un extrait d’un concert de 1959 où Miles est accompagné par le saxophoniste John Coltrane qui deviendra légendaire, et du pianiste Bill Evans. Ils interprètent un blues de référence  « So What », un morceau repris du célébrissime album « Kind of Blue » !

👉 « 🎧 »

Miles va acquérir une grande renommée en France grâce au film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud » où Miles, entouré de musiciens français, interprètent la musique du film. La sonorité du trompettiste convient parfaitement à l’atmosphère du film. Je fais une mention spéciale au saxophoniste ténor Barney Wilen qui n’a pas connu en France la célébrité qu’il méritait.

👉 « 🎧 »

En 1991, Miles s’est résolument tourné vers la musique électronique, tant pour les guitares que pour les claviers. Ecoutons-le lors d’un concert au Théâtre Antique de Vienne. Il interprète « Human Nature ».

👉 « 🎧 »

Bonne écoute !

Yves Pillon