Moussorgski naît dans une riche famille de propriétaires terriens. Sa mère, bonne pianiste, lui enseigne la musique et il se révèle lui-même très bon pianiste. Il intègre cependant l’école des élèves-officiers et il est nommé officier en 1856. Il ne pense toujours pas orienter sa carrière vers la musique. C’est le hasard d’une rencontre avec le futur compositeur Borodine qui changera sa voie et le conduira à composer deux œuvres majeures : Une nuit sur le Mont Chauve et l’opéra Boris Godounov.

En 1874 il compose un autre chef d’œuvre : les Tableaux d’une exposition. Moussorgski livre là une des créations les plus originales jamais conçues pour le clavier.

Cette suite de pièces pour piano d’un coloris intense a été inspirée par la visite d’une exposition d’aquarelles et de dessins exécutés par son ami l’architecte Hartmann.

Les 10 pièces de cette suite frappent surtout par leur liberté rythmique et un traitement quasi orchestral du piano. C’est une œuvre d’une grande virtuosité où alternent des passages d’une grande expressivité et des traits d’esprit.

Sont croquées quelques pittoresques saynètes : la description du gnome grotesque (Gnomus), la lourde charrette laborieusement tirée par des bœufs (Bydlo), le piaillement des poussins (Ballet des poussins dans leurs coques), les ragots des femmes faisant leurs emplettes (Le marché de Limoges), le monde des jeux enfantins (Aux tuileries), l’imaginaire fantasque de la sorcière Baba Yaga (La cabane sur des pattes de poule). Moussorgski réunit les différents tableaux par une phrase mélodique qui revient toujours et qui lie toute l’œuvre, la « Promenade », qui apparaît dans des coloris différents.

Cette évocation de l’art pictural par la musique que signe ici Moussorgski est d’une grande originalité. On peut faire un parallèle avec le peintre Kupka qui, dans son tableau Les touches de piano 1909, évoque la musique par ses touches colorées.

Je vous propose d’écouter les Tableaux dans l’interprétation du pianiste d’origine russe Evgeny Kissin aux Chorégies d’Orange.

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Cinquante ans plus tard, à la demande du chef Serge Koussevitzky pour son Orchestre symphonique de Boston, Maurice Ravel compose une rutilante orchestration des Tableaux. Cette œuvre fut orchestrée d’une façon proprement étourdissante au point que l’on ne saurait imaginer qu’elle fût conçue pour le piano.

La première audition eut lieu à Paris en 1923, et a remporté un succès mérité. L’œuvre orchestrale est d’ailleurs devenue plus connue que l’œuvre pianistique.

Je vous propose de l’écouter dans l’interprétation de l’Orchestre Symphonique de Chicago dirigé par le chef d’orchestre d’origine hongroise Georg Solti. Regardez la majesté de sa direction ; écoutez l’association trompette et bois, cor et basson, saxo alto et violons. Quelle merveille !

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Bonne écoute !

Yves Pillon