Quatre musiciens de jazz habillés en smoking, c’est assez inhabituel. Cette formation atypique, c’est le Modern Jazz Quartet ou MJQ : John Lewis au piano en est le directeur musical, Milt Jackson au vibraphone, Percy Heath à la basse, Connie Kay à la batterie.

Fondé en 1951, le MJQ rompt résolument avec les codes du jazz et fait la part belle aux racines « classiques » de son leader. Les compositions et interprétations qui en découlent relèvent d’une écriture élégante, pleine de lyrisme et de sensibilité, intégrant les deux valeurs essentielles du jazz, le blues et le swing.

Pendant la guerre, John Lewis est stationné à Rouen et il découvre la musique de Django Reinhardt à travers le seul disque de jazz dans le juke-box du bar qu’il fréquente. Après la guerre, il retrouve Django à New York et se lie d’amitié avec lui.

Quelques années plus tard, il compose « Django » un superbe hommage à son ami gitan, le virtuose de la guitare malgré les doigts de sa main gauche gravement brûlés.

La mélodie commence comme une ballade où est exposé le thème, puis se développe en un mouvement plus rapide, plus swing qui va permettre aux musiciens d’improviser. Le vibraphone d’abord où l’esprit du blues est sous-jacent. John Lewis accompagne le vibraphoniste en plaquant une succession d’accords qui soutiennent le rythme et enjolivent le discours lyrique de l’improvisateur. Il improvise ensuite une superbe partie où swing et be-bop sont toujours présents.

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Yves Pillon