Conférences

jeudi
19
Jan

La laïcité, spécificité de la société française

Changement d’horaire
Amphi Valin – Fac de Droit
14:15-16:15
Marie-Pierre Dervillé | Retraitée de l’Éducation Nationale – Adhérente UTL La Rochelle
Gratuit pour les adhérents
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Cette intervention a pour but de retracer l’évolution qui a amené la France, fille aînée de l’église, à décider de se séparer aussi définitivement et radicalement de ce qui a constitué le socle de la vie spirituelle du pays depuis des siècles. Cette présentation s’articulera en trois parties :

  • L’ancien régime et la royauté de droit divin

Si l’ancien régime est marqué par une monarchie absolue consacrée par l’église et qui ne peut s’en affranchir (Concordat de Bologne, Théorie des deux glaives), les guerres de religion et l’affrontement entre catholiques et protestants vont ébranler les certitudes et les fondements de la société. C’est l’Édit de Nantes qui apaisera la situation.

La révocation de l’Édit de Nantes et la victoire du parti bigot sous Louis XIV marquent le début d’une période de persécutions contre les protestants. Deux affaires emblématiques, l’affaire Callas puis l’exécution du Chevalier de la Barre, vont nourrir la contestation de l’église par les philosophes lors du siècle des lumières.

  • La Révolution et l’Empire, de la première tentative de religion civile au Concordat

Héritière des Lumières, la Révolution a cherché à renverser l’ordre établi pour libérer la population de ses entraves, noblesse, religion notamment. On exécute des prêtres, des moniales, la République confisque les biens de l’église, on détruit des édifices religieux. Par ailleurs, on efface le religieux du quotidien : calendrier, sacrements, fêtes, mariage civil, divorce …

Dès 1789, la DDHC consacre la liberté de conscience dans son article 10. Parallèlement Condorcet pose les bases de l’école laïque mais ses écrits resteront sans lendemain.

Enfin, avec la Fête de l’Être Suprême et de la déesse Raison, les révolutionnaires tentent d’instaurer une religion « civile » sans succès, les prêtres qui veulent continuer à exercer leur ministère doivent prêter serment à la Constitution (prêtres jureurs).

Après la Révolution, Bonaparte veut se réconcilier avec l’église et signe le Concordat, qui nationalise la religion, les prêtres sont nommés et rémunérés par l’État, l’église récupère la jouissance de ses biens, on lui confie l’éducation des enfants.

  • Le XIXe siècle, le lent cheminement vers la séparation et la promulgation de la loi

Après la chute de l’Empire, l’Église revient en force avec la Restauration, le nouveau régime favorise l’Église, le statut favorable des prêtres attire les vocations, on est quasiment sur une rechristianisation des campagnes. Tout au long du XIXe siècle, le Concordat va offrir de la stabilité à la société tout en favorisant l’Église catholique mais, au fil des années, le clergé prend des positions bien trop souvent anti-républicaines et conservatrices. L’idée d’une séparation progresse chez les républicains, les Francs-Maçons mais aussi chez certains catholiques progressistes (Lamennais).

De 1875 à 1885 (avant même la séparation), l’école va être laïcisée et cristalliser l’opposition entre républicains et catholiques (Lois Ferry), en même temps on met fin aux congrégations (jésuites essentiellement) qui assuraient l’enseignement de deux millions d’élèves. Beaucoup ferment immédiatement mais les dernières seront expulsées en 1902.

Plusieurs crises vont opposer la République et le Vatican jusqu’à la rupture des relations diplomatiques en 1904, ce qui rend la séparation inévitable. Une commission parlementaire travaillait sur le projet de loi depuis 1903 et les choses peuvent aller relativement vite, l’examen de la loi débute le 21 Mars 1905. Les débats seront électriques, notamment autour des biens du clergé, et des signes religieux ostentatoires. Les deux premiers articles (liberté de conscience et reconnaissance et financement des cultes) passeront assez facilement.

La loi votée entre en vigueur le 9 Décembre 1905.

Il s’ensuivra la crise des inventaires : il faut inventorier les biens cédés à l’église mais les huissiers rencontrent une forte opposition de la part des paysans et des affrontements ont lieu qui se solderont par deux morts. Clémenceau jouera l’apaisement, la République a gagné.

Les relations diplomatiques avec le Vatican seront rétablies par Aristide Briand juste après la première Guerre mondiale.

  • Conclusion

La loi sur la séparation des Églises et de l’État s’est imposée au bout d’un long cheminement, une histoire d’affrontements, d’oppositions, de violence. La République a choisi littéralement le « chacun chez soi » selon le mot de Victor Hugo (1850) « Je veux, je le répète, ce que voulaient nos pères, l’Église chez elle et l’État chez lui ». Par cette loi, la République garantit la liberté de conscience du citoyen, le droit de croire et de ne pas croire. C’est une loi de libération des esprits.

Depuis 1905, de nombreuses atteintes ont été portées à cette loi, et cela dès la fin de la première guerre mondiale lorsqu’on a renoncé à l’imposer dans les territoires récupérés d’Alsace-Lorraine qui sont toujours sous régime concordataire. La République n’a jamais retrouvé l’élan émancipateur de cette loi, il ne faut pas négliger la liberté qu’elle nous donne et veiller attentivement à son respect .

 

 

 

 

Image d’illustration : Loi de séparation des Églises et de l’État – Page 1 – Ce document a été placé sur Wikimedia Commons par les Archives Nationales dans le cadre d’un partenariat avec Wikimédia France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28427483


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