Natif de Limoges, Jean-Pierre Gaildraud fut incorporé en 1960 comme EOR (Elève Officier de Réserve) à l’École d’Infanterie de Cherchell (Algérie) d’où il sortit en 1961, affecté comme chef de harka au 2/11 RIMA en Petite Kabylie.

Bouclages, ratissages, embuscades, comme la plupart des unités opérationnelles, il passait en moyenne vingt à vingt-cinq jours et nuits par mois à la « belle étoile ».

La violence des uns nourrissait celle des autres, dans un cycle sans fin ; il en revint marqué à vie comme tous ceux qui connurent un parcours semblable.

Puis vint le jour où il demanda à ses hommes de rendre leur armement comme l’exigeait la hiérarchie militaire en mars 1962. Rentré en France et sans se retourner sur son passé durant une vingtaine d’années, il devint enseignant d’histoire jusqu’en 1998 en Haute-Vienne. Il garda au fond de lui cet abandon comme une blessure ouverte qu’il n’évoqua jamais jusqu’en 1990. Cette année-là, il était invité par une chaîne de télévision (Antenne2) comme témoin et il retourna en Algérie en décembre pour participer à la série télévisée « les Années algériennes » de Philippe Alfonsi et Benjamin Stora. Depuis, Jean-Pierre Gaildraud a écrit de nombreux ouvrages sur cette période et est devenu, comme historien, un passeur de mémoires, de toutes les mémoires de la guerre d’Algérie et c’est à ce titre qu’il fut reçu à l’Elysée, invité par le Président de la République le 16 octobre 2021.

Une soixantaine d’années plus tard, il avoue volontiers qu’un gros morceau de son cœur vit encore en Kabylie.

(Photo avec Emmanuel Macron, avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre Gaildraud)