Conférences
Quand on achète un produit, on achète le monde qui va avec …
- Quand on trie un par un ses fruits, pommes, puis prunes, et même cerises, pour n’acheter que des fruits « parfaits », on transmet le message suivant à l’arboriculteur : « je ne veux pas qu’une seule mouche se soit posé sur mon fruit », et donc on achète 3 passages de plus d’insecticides. Si on veut un monde sans pesticides, il faut le promouvoir.
- Quand on sacrifie aux promotions toujours plus fortes sur les prix des aliments sur lesquels les chaines de supermarchés se font une concurrence sauvage, du type « la caissette de 10 côtes de porc à quelques euros seulement », on achète de l’industrialisation de l’élevage, du mal-être animal, des salariés roumains dans les abattoirs, de la déforestation en Amazonie, et la disparition des élevages français au profit d’usines à viande de l’Europe de l’Est.
- Quand on s’efforce de dépenser toujours moins d’argent et de temps pour se nourrir, quand on réclame la baisse permanente du prix du ticket de cantine, on liquide l’agriculture et l’emploi dans sa région, et le maintien de sa santé coûte de plus en plus cher. Si nous voulons de la bonne nourriture produite chez nous, il faut la payer ! Ce n’est pas aux seuls agriculteurs de payer notre téléphone portable.
- Quand on crie au scandale alimentaire, on ne réalise pas que la fréquence des scandales alimentaires ne mesure par la malhonnêteté et l’incompétence des acteurs de l’alimentation, mais l’efficacité de la police et le degré de mobilisation des citoyens, donc des journalistes et des politiques ! En 1950 on déplorait encore 15 000 morts par intoxication alimentaire, aujourd’hui 300. C’est parce que la nourriture n’a jamais été aussi sûre que le moindre faux devient intolérable, et qu’on a de plus en plus de « scandales ». Et pendant ce temps-là, personne ne parle des « vrais » risques alimentaires : tabac, alcool et obésité en particulier.
- Quand on mange beaucoup de viande ou de poisson, et des légumes de contre saison, on réchauffe intensément la planète. Notre nourriture est la cause du quart des émissions de gaz à effet de serre, plus que le transport ! En fait un végétarien qui roule en 4/4 réchauffe moins la planète qu’un carnivore qui roule en vélo ! Si on veut continuer à manger du poisson, il faut l’élever au lieu de dépeupler la mer.
- Quand on mange des avocats, on achète le Mexique des narcotrafiquants qui va avec, ou de la désertification de l’Espagne ; avec le lait d’amande, on soutient l’agriculture hyper industrialisée de Californie ; en buvant du café, on exploite les petits producteurs et enrichit quelques multinationales…
- Quand on gaspille de la nourriture, on ne prend pas conscience que le tiers de la nourriture produite sur la planète est jetée, 1,3 milliards de tonnes par an, alors que 830 millions de personnes ont faim. Concrètement, un Français jette 240 kilos de nourriture par an, un tiers « au champ », un tiers dans les circuits de l’industrie, la vente et le transport, 1/6 à la cantine ou au restaurant et 1/6 chez lui ! Comment s’organiser pour gâcher moins ?
- Quand on se laisse séduire par la publicité, on absorbe toujours plus de sel, de matières grasses, de sucres, d’énergie et on néglige fortement sa santé. Les produits allégés en sucre sont plein de matières grasses et inversement, et nous incitent à consommer toujours plus. L’agro-industrie fait le maximum pour ne pas nous informer. Et tous les régimes font… grossir !
Bruno Parmentier a été diplômé de l’Ecole des Mines de Paris et de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en 1972.
Après une carrière effectuée en France et au Mexique, pour une bonne part dans l’édition (Editions La Découverte, Editions du Cerf, Centre National de Documentation Pédagogique) et dans la presse (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes) il a dirigé de 2002 à 2011 le Groupe Ecole supérieure des agricultures d’Angers.
Il consacre l’essentiel de son temps à des conférences (900) ou des interventions dans les médias (500) autour de l’agriculture, l’alimentation, la faim et le développement durable.
Il est l’animateur du blog : http://nourrir-manger.fr/, ainsi que de la chaîne YouTube du même nom. Il est l’auteur de la trilogie :
- Sur l’agriculture : Nourrir l’humanité, les grands problèmes de l’agriculture mondiale (Editions La Découverte 2007, édition poche 2009),
- Sur l’alimentation : Manger tous et bien (Editions du Seuil 2011)
- Sur la faim : Faim zéro, en finir avec la faim dans le monde (Editions La Découverte 2014).
Mais aussi :
- Agriculture, Alimentation et réchauffement climatique (2019, disponible sur Internet)
- Bien se loger pour mieux vieillir (Editions ERES 2020)
Il est, entre autres, président du Conservatoire National des Arts et Métiers des Pays-de-la-Loire, de SOLIHA (Solidaires pour l’habitat) du Maine et Loire, et du Comité de contrôle de « Demain la Terre », et administrateur de la « Fondation pour l’enfance ».